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Le Progrès, 11/02//17

« Regardez, les skieurs prennent les remonte-pentes mais ne font pas forcément attention aux perchistes qui sont devant eux. » Vendredi, le collectif saisonniers et précaires de la CGT, créé il y a deux ans en Haute-Loire, a décidé de se rendre au pied des pistes de la station des Estables afin de rencontrer les saisonniers et écouter leurs doléances.

Des problématiques différentes dans le département

Mais aussi de mettre en avant auprès des vacanciers ces hommes et femmes aux métiers précaires, régis par des conventions collectives différentes, ce qui engendre un manque d’unité entre eux et une difficulté supplémentaire pour se faire entendre. « On veut que les touristes sachent que la station tourne grâce à ces travailleurs-là. »

Une soixantaine de saisonniers travaillent dans la station des Estables. « Il est difficile d’avoir la réalité des chiffres. On ne sait pas exactement combien il y en a dans le département. Ça reste très opaque », souligne Sylvie Berrodias.

« Le problème des saisonniers est qu’ils ne connaissent pas leurs droits. Ils rencontrent de nombreuses difficultés, notamment concernant le logement », détaille Jean-François Privat, l’un des deux représentants du collectif, avec Sylvie Berrodias. Si la problématique du logement est moins cruciale en Haute-Loire « car la majorité des saisonniers qui œuvrent dans la station sont des Altiligériens », en revanche, d’autres apparaissent clairement. « Depuis quelques années, la station a un faible enneigement. Or, un saisonnier en contrat ne sera pas payé s’il ne peut pas travailler faute de neige, puisqu’il est rémunéré à la journée », souligne Sylvie Berrodias. Heureusement, les averses neigeuses du début d’année laissent apparaître « un mois de janvier correct » et « février devrait aussi bien rattraper ».

Autre exemple concret ayant cours aux Estables : « Certains doivent avoir du matériel pour travailler, comme des chaussures, des skis, etc. Ils l’achètent sur leurs fonds propres. Nous souhaiterions faire avancer les choses en demandant à l’employeur de verser une aide d’équipement. »

Face à ces problématiques, la CGT n’envisage pas d’utiliser la force. « Nous nous battrons mais en utilisant le dialogue. On ira voir les patrons pour savoir quelles solutions nous pourrions trouver ensemble. »

S’ils reconnaissent que « la loi Travail a essayé de donner un cadre aux saisonniers », les syndicalistes sont mitigés : « Les branches n’ont ouvert aucune négociation. On a eu une toute petite avancée mais qui n’est pas suivie », regrette Sylvie Berrodias. Elle insiste : « En Haute-Loire, le développement du tourisme, de l’agriculture… ne se fera pas sans saisonniers. »

Karine Wierzba