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Presse : L'Eveil, La Montagne, 30/01/17

Alors qu’en France, en 1900, 2 salariés sur 3 sont des hommes, en Haute-Loire, à la même époque, 2 salariés sur 3 sont des femmes.
« Ce sont donc les femmes qui ont majoritairement industrialisé la Haute-Loire ».

Les usines couvents font l’objet d’une passionnante recherche de Raymond Vacheron qui met en lumière le rôle majeur des femmes dans l’industrialisation du département.

Raymond Vacheron signe un passionnant article sur « Les usines couvents et les femmes au travail en Haute-Loire au XIXe siècle » dans le numéro 7 de la revue Histoire Sociale. Voici quelques extraits de sa conférence donnée dernièrement.
« Comme partout en France et en Europe, le XIXe siècle voit un développement conséquent des usines et des manufactures en Haute-Loire.
L’usine-couvent est une méthode de gestion crée aux USA dans les années 1830. En France, ce sont des industriels profondément catholiques « estimant que la religion est le meilleur auxiliaire du travail », selon Colcombet lui-même, qui en furent les promoteurs.Usines couvent à la La Séauve

C’est sur la Semène que l’industriel collecteur de passementerie à domicile, Colcombet, a choisi d’implanter sa fabrique de rubans au village de la Séauve. Là, les ouvrières fabriquent des rubans sur de grands métiers Jacquard ; elles sont pensionnaires, dorment et mangent à l’usine.
Ce qui est nouveau chez Colcombet et dans les autres usines couvents, c’est l’encadrement religieux. L’économiste Paul Leroy-Beaullieu, en 1873, les définit ainsi : « à la fois usine et pensionnat où les jeunes filles sont soumises à un régime claustral, travaillant comme des ouvrières, logées et nourries comme des pensionnaires, gagées comme des servantes, vivant d’ailleurs comme des religieuses ». Tout est dit.

Le site est acquis en 1853. Commencent alors les travaux de construction et l’activité industrielle démarre à l’automne 1854.
Deux ans après son démarrage, on compte 9 religieuses de Saint-Joseph, 166 ouvrières dont 64 entre 13 et 16 ans. 40 ans plus tard l’usine emploie 64 hommes adultes, 8 garçons mineurs, 286 femmes adultes et 182 filles mineures, soit un total de 540 salariés. C’est une très grande manufacture.
L’usine Colcombet n’est pas la seule usine couvent dans notre département, qui en a compté jusqu’à une dizaine : à Riotord, Aurec, Retournac, Saint-Just-Malmont, Bas-en-Basset, Le Monastier ou Lapte. Les usines couvents ont donc largement participé à l’industrialisation du département. La crise de 1929, la Deuxième Guerre mondiale et les restructurations dans le textile ont conduit aux fermetures de ces entreprises et aux délocalisations des productions.

L’usine Colcombet de la Séauve ferme en 1952, après 99 ans de fonctionnement. Pour conclure, retenons ces chiffres. Alors qu’en France, en 1900, 2 salariés sur 3 sont des hommes, en Haute-Loire, à la même époque, 2 salariés sur 3 sont des femmes.
« Ce sont donc les femmes qui ont majoritairement industrialisé la Haute-Loire ».

Document en téléchargement (article complet) :

== Les usines couvents au XIXème (Quand le règlement intérieur de l'usine Colcombet fait foi et loi)