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Presse : France 3 Auvergne, 15/12/16

Une grande partie des salariés (85% selon le délégué CGT) de l’entreprise Celnat sur la zone industrielle de Blavozy (Haute-Loire) a observé deux heures de débrayage ce jeudi matin, une première dans l’histoire de cette entreprise d’alimentation biologique créée en 1979.

Deux heures de débrayage pour montrer leur mécontentement. La majorité des employés de l'entreprise Celnat en Haute-Loire ont fait grève, pour la première fois de l'histoire de cette entreprise.

Les 65 salariés revendiquent une augmentation de salaire annuelle de 400 euros bruts. Lors de trois rencontres précédentes, la direction s’y est opposée et a proposé  d’augmenter les salaires de 160 euros (brut), ce qui a provoqué la colère des salariés et de leurs représentants qui dénoncent un manque de reconnaissance. Jorge Fernandez, délégué CGT, explique que l’entreprise, qui transforme et conditionne des céréales biologiques revendues dans des magasins spécialisés, se porte bien. Son chiffre d’affaires devrait progresser de 3 à 5% cette année. «La direction met en avant nos avantages, comme les 35 heures ou le 13 ème mois, pour refuser de négocier. Elle s’est contentée d’augmenter les salaires au minimum ces dernières années».

De l’entreprise familiale à Panzani France

En février 2015, la société Celnat, a été racheté par le groupe espagnol Ebro Food, propriétaire également de Panzani France. «Notre patron nous a expliqué qu’il devenait nécessaire de se regrouper pour se développer, explique Jorge Fernandez, CGT, mais l’entreprise se portait très bien». Toujours est-il que depuis, hormis la question des salaires, les employés de Celnat ne se sentent plus reconnus par leur direction. «A travers nos produits, nous véhiculons une notion de bien-être et d’éthique, liée aux bio, il est dommage de constater que cette dernièe n’est pas applicable aux salariés», dénonce le représentant du personnel.

La direction de Celnat n’a pas voulu s’exprimer. Une nouvelle rencontre avec le personnel est prévue ce jeudi après-midi.

Gérard Rivolier

 

Reportage France 3 Auvergne 19/20 du 15/12/16

 

Presse : Le Progrès, 16/12/16

« Jérôme Celle nous a poussés contre le mur »

Jeudi, 80 % des employés (hors cadres) de Celnat ont débrayé entre 11 et 13 heures. Après trois réunions de négociations, le directeur de l’entreprise spécialisée dans la meunerie refuse toujours certaines de leurs revendications.

« Vous savez, on ne fait pas ça par gaieté de cœur… » Jorge Fernandez, délégué syndical CGT de l’entreprise Celnat, se détache d’un attroupement de salariés massé depuis 13 heures devant les locaux, situé dans la zone industrielle de Saint-Germain-Laprade. « C’est très dur pour nous, la grève n’est pas dans la politique de l’entreprise, mais Jérôme Celle (directeur général de Celnat, NDLR) nous a poussés contre le mur. »

Les acquis sociaux comme armes d’un refus

Crée en 1979, Celnat a bonne réputation. Spécialisée en meunerie, l’entreprise, qui compte 65 salariés, n’avait jamais connu de mouvement social, jusqu’à jeudi. Fin octobre, lors de la NAO (Négociation annuelle obligatoire), les délégués du personnel ont demandé à la direction une augmentation des salaires de 400 euros brut par an, et une revalorisation de 2 % sur la prime de vacances. À la suite d’un premier échec des négociations, trois réunions ont suivi. Une quatrième, tuée dans l’œuf par le manque de « temps et de considération » de la direction. « Pour expliquer le refus de nos revendications, Jérôme Celle remet en cause les acquis sociaux inscrits dans la convention collective, comme les 35 heures, ou le 13e mois. Il considère que ce sont des avantages, donc que nous n’avons pas besoin de demander plus. » Jorge Fernandez monte d’un ton. « À la suite de nos revendications, il nous a même fait comprendre que si on ne convenait pas, on était remplaçable. »

Au-delà d’une revalorisation des salaires, les employés dénoncent « un mal-être, un manque de reconnaissance et un isolement face aux décisions relatives à l’entreprise. La direction est également hostile aux entretiens individuels ». Philippe Crespy, meunier depuis trente ans au sein de Celnat, se souvient du temps où Robert Celle, le père du directeur en place depuis 2001, « venait nous voir travailler. Lorsqu’on voulait quelque chose, on avait juste à aller dans son bureau. À présent, on n’arrive plus à discuter, Jérôme Celle se renferme sur lui-même. Et encore plus depuis notre rachat il y a un an, par le groupe EBRO ». Dans l’après-midi, Jérôme Celle a accepté de rencontrer les délégués syndicaux. Un entretien « mitigé », selon Jorge Fernandez : « Il refuse toujours les augmentations de salaire, mais est prêt à mettre en place des objectifs pour arrondir les fins de mois. Il accepte en revanche d’instaurer des entretiens individuels. » Une nouvelle rencontre, mardi, décidera de la poursuite, ou non, du mouvement social.

Précision Jérôme Celle, directeur de Celnat n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Daphnée Autissier