cerabati couteuges LM

L'usine de carrelage du groupe Cérabati dans la tourmente
La Montagne, 17/10/16

Les 87 salariés de l'usine de production de carrelage de Couteuges sont inquiets. L'entreprise, ex-Carofrance, ex-Marazzi, est aujourd'hui propriété du groupe Cérabati. Les syndicats accusent l'actionnaire principal de "défaillance". Ils ont réuni les salariés ce lundi 17 octobre à midi.

"Vous me demandez si c'est grave ? Oui. On risque de ne pas recevoir nos salaires le mois prochain". Eric Bezli (CGT), secrétaire du comité d'entreprise du groupe Cérabati  tenait à mettre les choses au clair, ce lundi 17 octobre à midi.

Les salariés de l'usine de carrelage Cérabati de Couteuges (ex-Carofrance, ex-Marazzi) étaient conviés à une assemblée générale par l'intersyndicale, qui leur a dressé un tableau alarmant de la situation : plus de trésorerie, plus ou presque de matière première, des impayés chez les fournisseurs qui atteignent des sommets et des clients qui ne peuvent plus être livrés. Même le directeur du site était présent.

"On attend un chèque qui doit arriver depuis des semaines, ont résumé les syndicats. On se rend compte qu'on ne peut plus faire confiance à notre actionnaire", le fonds d'investissement Dorcas ceramics Ltd. Joint par téléphone, Mariano Screnci, président du conseil d'administration, assure pourtant que "le problème de refinancement est en cours de règlement". Et que la situation n'est pas si dramatique que ça. "Le groupe Cérarbati a un problème de fond de roulement. L'actionnaire compte refinancer dans les prochaines heures, affirme Mariano Screnci. Moi, je suis confiant."Selon les syndicats, l'usine n'a presque plus de matières premières, plus de trésorerie, et n'arrive plus à livrer ses clients.

Les salariés veulent reprendre la main

Le noeud du problème réside dans le flou actuel. Et ni les 87 employés de l'usine de Couteuges, ni la trentaine de personnes qui travaillent au siège du groupe Cérabati, à Lyon, ne savent vers quoi leur société se dirige. "Si l'actionnaire disait clairement qu'il ne veut plus de l'usine, on pourrait chercher un repreneur, analysent les représentants du personnel. Mais il ne dit rien, il nous balade." Les salariés veulent donc reprendre la main.

"Tant que nos salaires sont versés, on ne peut pas saisir le tribunal de commerce, a expliqué Laurent Batisson (CGT). Notre seul droit, c'est d'alerter les pouvoirs publics en expliquant les défaillances de notre actionnaire." Les syndicalistes seront reçus mercredi 19 octobre par le préfet de Haute-Loire. Ils aimeraient que le commissaire au redressement productif de la région soit présent. Et que l'Etat reprenne la main pour sortir l'entreprise de la panade.

Les élus du territoire mobilisés

Les élus du territoire avaient aussi été conviés à cette mise au point. Ces derniers temps, ce sont plutôt des informations optimistes qui filtraient sur la situation du groupe Cerabati, comme le projet de rapprochement avec un poids lourd du marché du carrelage en mai dernier, ou, il y a dix-huit mois, l'arrivée d'une nouvelle presse.

"J'ai découvert la situation de l'usine il y a quelques jours seulement, a précisé le député de la Haute-Loire, Peter Vigier. Ce que je veux, c'est connaître la position claire de l'actionnaire." Peter Vigier a obtenu un rendez-vous, à Paris, mardi 18 octobre. "Soit on obtient ce rendez-vous et l'actionnaire clarifie sa position, soit il faut mettre en place une cellule avec les services de l'Etat." Les élus locaux, dont une poignée a assisté à l'assemblée générale, sont bien décidés à mettre toutes leurs forces dans la bataille, pour sauver ce "poumon économique" du territoire.

L'usine de carrelage de Couteuges Carofrance a été créée en 1984. Elle appartenait depuis 1995 au groupe Marazzi, leader mondial du carrelage. Le fonds d'investissement britannique Dorcas l'a rachetée en 2014. En 2014, le groupe Cérabati affichait 49,4 millions d'euros de chiffre d'affaires. Au printemps 2016, le projet de rapprochement avec Desvres était perçu par nos confrères des Echos comme un moyen de devenir numéro un français du carrelage.