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Le Progrès, 26/06/15

Le Puy-en-Velay. Malgré un désamour parfois prononcé, les syndicats se veulent encore aujourd’hui indispensables. C’est le cas, notamment, de la CGT qui fête cette année ses 120 ans. À travers le département, les jeunes générations jouent, elles aussi, le jeu du renouvellement.

On les dit souvent mal-aimés, divisés, peu représentatifs des salariés. Pourtant, les syndicats comptent bien continuer de lutter. « Le syndicalisme est une idée moderne, neuve », martèle Raymond Vacheron, ancien membre de l’Union départementale de la CGT. « Les salariés ont toujours besoin d’être défendus », renchérit Alain Eyraud, secrétaire général de l’UD CGT 43.

Pourtant, les effectifs syndicaux ont lourdement chuté depuis un demi-siècle et le taux de syndicalisation en France est l’un des plus bas d’Europe (environ 8 %). Mais c’est là qu’intervient tout le paradoxe français puisque les organisations syndicales et patronales négocient pour l’ensemble des salariés de la branche et non pour leurs seuls adhérents, ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs.

« On peut défendre un salarié dans une entreprise mais pour que ça débouche sur le développement des droits collectifs », rappelle Pascal Samouth, secrétaire général FO 43.

« Malgré son faible nombre d’adhérents, le syndicalisme français est très largement présent dans les entreprises et est capable de mobiliser fortement les salariés sur certains sujets », pouvait-on lire en mai 2014 dans une publication du ministère des Finances et des Comptes publics et du ministère de l’Économie, du Redressement productif et du numérique.

Sauf que la mobilisation n’est pas toujours à la hauteur des attentes. En témoigne ce 1er -Mai marqué par la division des organisations. Le tout couplé à des sondages peu valorisants. Pour Raymond Vacheron, il y a « un repli du syndicalisme au sein même de l’entreprise ». « Les mouvements sont différents aujourd’hui. On lutte pour ne pas trop reculer, confie René Dupuy, président du centre d’histoire sociale de Haute-Loire. On est plus dans la défense que dans la conquête, à l’image des Lejaby ».

Des militants formés pour évoluer

Mais face à un constat que beaucoup jugent préoccupants, les syndicats ne s’alarment pas. Pour pallier à une image de lutte parfois dépassée, les jeunes générations « se réapproprient les choses », se félicite-t-on. « On a des jeunes qui prennent la relève, ils se rendent compte de l’importance de leurs droits », assure Pascal Samouth.

La preuve ? « La secrétaire FO pour les organismes de Sécurité sociale a 26 ans, celle de l’hôpital à Brioude a 27 ans et celui de Copirel (à Mazeyrat-d’Allier) a moins de 30 ans. » « Il y a des jeunes militants, sans expérience mais plein de bouillon, et des plus anciens, fatigués, blasés, confie Raymond Vacheron. Le passage entre ces deux générations est très important ».

Pour y parvenir, les syndicats ont entrepris de former leurs futurs représentants. Chez FO, des stages « découverte » sont proposés au sein de l’Union départementale.

Du côté de la CGT, « 4 à 500 jeunes, récemment élus dans leur entreprise, sont formés chaque année ». Une formation d’une semaine est notamment proposée au Monastier-sur-Gazeille. D’autres journées d’étude jalonnent l’année. Le but, leur faire gagner « en autonomie » et « en crédibilité ». « Un militant formé ne se laisse pas démonter, martèle Raymond Vacheron. Les gens progressent en se défendant ». Pas sûr, tout de même, que les grandes luttes d’hier ressemblent aux mouvements de demain.

4 700

Soit le nombre d’adhérents, en 2014 , à l’Union départementale de la CGT. Un chiffre en légère baisse par rapport à 2013. Globalement, les effectifs se stabilisent depuis quelques années.

À titre de comparaison, ils étaient moins de 100 en 1906, 700 en 1914 et environ un millier en 1937.

Gaëtan Barralon