greve reforme college 1106

Le Progrès, 12/06/15

Le Puy-en-Velay. Une petite quarantaine de professeurs ont manifesté, jeudi, à l’appel de l’intersyndicale FO, CGT, Sud, SNES-FSU contre la réforme des collèges. En grève ou pas, les professeurs de collège sont unanimes : il faut des moyens et une autre réforme que celle proposée actuellement par la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem.

On ne peut pas dire que la nouvelle mobilisation, lancée par l’intersyndicale FO, CGT, Sud, SNES FSU, contre la réforme du collège a été un succès. Jeudi, une quarantaine de personnes ont manifesté devant la préfecture. Le pourcentage de gréviste dans les établissements du second degré n’est guère plus glorieux : 13,83 % en collège et 0,54 % en lycée !

« On met en place des réformes et on ne va jamais jusqu’au bout ! » Un enseignant non-gréviste

Pourtant, en écoutant les quelques professeurs présents, on se rend compte du malaise qu’il y a entre les enseignants et leur ministre. « Mépris », le mot revient dans toutes les conversations. La publication du décret au Journal officiel quelques heures après le premier mouvement de grève, le 18 mai, ne passe toujours pas…

La nécessité d’une réforme est la seule chose qu’ils concèdent à leur administration. « Le collège unique ne fonctionne pas. Il faut une réforme mais pas celle-là. »

Fait du hasard, à quelques mètres de la préfecture, des professeurs du collège Jules-Romains reviennaient du Canopé (* ) avec leurs élèves de 6e. Parmi eux, certains étaient en grève le 18 mai, « à cause du contenu et de la possible autonomie des établissements », lâchent-ils.

Là, ils sont dans l’attente. « On a le sentiment d’être au milieu d’un chemin et que personne ne veut prendre de décision. Comme si on hésitait entre un système à la française et un système plus scandinave, voire canadien. On a l’impression qu’on met en place des réformes et qu’on ne va jamais jusqu’au bout ! On voulait supprimer les notes. Des collègues ont participé à l’évaluation des compétences à Saint-Didier-en-Velay. Maintenant, on revient en arrière. »

La réforme idéale

Ils ne comprennent pas « pourquoi supprimer ce qui fonctionne plutôt bien ? Les dédoublements, en langue, c’est primordial. On ne peut pas apprendre à vingt-sept élèves comme à treize. »

Selon eux, rayer des matières des programmes ou les proposer dans le cadre des EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires) revient à « niveler par le bas ».

Alors, quand on les interroge sur la réforme qu’ils aimeraient voir appliquer, ils sont unanimes : « Déjà, il faudrait en finir avec les seuils. Trente par classe, ce n’est pas possible ! » Ils continuent : « On devrait aussi avoir la possibilité de donner à nos élèves ce dont ils ont besoin. Ça ne veut pas dire mettre les bons dans une classe et les mauvais dans une autre. Il faut conserver cette mixité. Les temps de dédoublements doivent permettre de passer plus de temps avec ceux qui le demandent et d’approcher les matières de façon plus ludique avec leurs camarades. Ça éviterait que certains s’ennuient et que d’autres décrochent. Pourquoi ne pas proposer des ateliers ? Mais, là aussi, ça demanderait des moyens. »

(* ) Ancien CDDP, Centre départemental de documentation pédagogique.

Séverine Fabre