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Déjà mobilisés les 10 et 18 septembre, les personnels de l'hôpital psychiatrique (privé à but non lucratif) Ste Marie au Puy-en-Velay répondront à nouveau jeudi 2 octobre à l'appel à la grève et à la manifestation de l'intersyndicale altiligérienne pour exiger des embauches et une meilleure reconnaissance salariale. Plus généralement, ils protesteront contre l'austérité budgétaire qui détériore les conditions de travail et la prise en charge des patient·es.

La psychiatrie, grande cause nationale ?

Interrogés par la presse, Sandrine Maleysson et Yann Legouhy de la CGT Sainte Marie ont confié être toujours dans l'attente d'un véritable plan national pour la « santé mentale ». Ils fustigent les mesurettes annoncées en juin par le ministre de la santé bien loin des besoins réels des salariés et de la population. Pire, pour les représentants CGT, elles s'inscrivent dans la continuité de la destruction méthodique du soin psychique orchestrée depuis de nombreuses années par les gouvernements successifs.

« Il manque douze psychiatres » : c'est l'urgence sociale à l'hôpital Sainte-Marie [Le Progrès]

Fermetures de lits, restructuration des services, manque de psychiatres… À l’hôpital Sainte-Marie, les baisses d’effectifs inquiètent les représentants syndicaux qui pointent du doigt un manque de considération pour les équipes, un accueil altéré pour les patients et une perte de sens ressentie au travail.

[...] D’un point de vue financier, l’association connaît une certaine dégradation depuis le Covid 19, au point de ne plus être à l’équilibre au niveau du médico-social. Un nouveau directeur a été nommé, il y a trois ans, dans le but d'y remédier.

« Il n’a rien caché. Il nous a dit qu’il venait avec la mission de réduire la masse salariale, avec un premier objectif d’au moins quinze postes. » Yann Legouhy,CGT

Une mission qui s’est traduite sans licenciement direct, mais par des départs non remplacés et des CDD non renouvelés. *

« Il y a eu plusieurs restructurations de services avec des fermetures de lits et un peu moins d’accueil de jour. » Et par découlement, il y a besoin de moins d’agents.»

« Ça pose question »

Si au niveau sanitaire, l’établissement est davantage à l’équilibre, il faut faire face au départ de quinze à trente soignants ces dernières années et à la pénurie de médecins psychiatres.

« Il en manque douze actuellement à l’hôpital et on a perdu au moins onze CDI en trois ans, évaluent les syndicats. C’est difficile d’avoir le chiffre exact, comme le groupe a repris trois maisons de retraite récemment. » Et d’ailleurs, cela aussi, ça les interroge : « La direction nous dit que c’est compliqué de répondre au déficit dans le médico-social, mais elle continue de racheter des Ehpad*. Ça pose question… »

Quatorze fermetures de lits

Et le manque de personnels a des conséquences sur les hospitalisations. Le 11 août dernier, dix lits ont été supprimés à Sainte-Cécile 2 (un service de réhabilitation adulte).

« Cette unité est passée de vingt-et-un à onze lits. Bien qu’on nous assure que ce n’est pas forcément définitif, on sait que le nombre de lits est conditionné à la présence médicale. Sans médecin, cela semble compliqué… »

Deux lits ont également été fermés l’an passé à Saint-Gabriel, un service qui accueille des personnes souffrant de troubles du spectre autistique. Et l’accueil des mineurs n’est pas épargné, puisque là aussi deux lits ont été supprimés à l’Envolée.

« On est passé de huit à six lits et ce même service a dû fermer complètement durant deux semaines cet été à cause du manque médical », alerte Yann Legouhy.

« Il faut savoir que l'Envolée est le seul service de Haute-Loire qui accueille des adolescents à temps plein. Ça veut dire que pendant quinze jours, il n’y avait pas un seul lit pour eux sur l’ensemble du département. Un des patients a dû être accueilli en service adulte. »

Autant de décisions qui suscitent l’inquiétude du personnel.

« Avec les fermetures de lits et les restructurations des services, les équipes se demandent où elles vont finir, souligne Sandrine Maleysson. Ça amène du stress. » Yann Legouhy en atteste personnellement : « Je peux le dire, en quinze ans de carrière à Sainte-Marie, j’ai vu les conditions de travail et d’accueil des patients nettement se dégrader ».

[...] « On a une stagnation des salaires (bloqués sur la valeur du point sans aucune négociation possible). Ce qui fait qu’une quarantaine de professions sont en dessous du SMIC chez nous… Et nécessitent un rattrapage. C’est un manque de considération énorme. Nos collègues nous le disent, ils font beaucoup d’heures, on les appelle pour remplacer, ils travaillent les week-ends… Et ils n’ont aucune reconnaissance. Ça démotive. »

 

[...] « Que ce soit les agents comme les cadres, ils ont l’impression de se donner toute la journée. Et quand ils partent, ils ont le sentiment de maltraitance institutionnelle, parce que nous ne sommes plus assez nombreux pour faire notre travail convenablement. »

Et les deux éléments cumulés inquiètent pour l’avenir :

« Nous ne sommes plus du tout attractifs. À Sainte-Marie, on a une dégringolade des carrières longues, les jeunes ne veulent plus rester ici. » [...]

Edition en ligne du 01/10/2025
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