Sans masquer les difficultés à militer, les délégué·es CGT ont affiché leur détermination à poursuivre le combat pour exiger un budget qui réponde aux urgences sociales et rappeler les priorités du monde du travail : augmenter les salaires, réduire la pénibilité, abroger la réforme des retraites, préserver l'emploi, investir dans nos services publics...
Avec près d’un million de personnes dans les rues et des centaines de milliers de grévistes dans les usines, les commerces et les services publics, c'est une forte colère sociale qui s'est exprimée jeudi 18 septembre dans tout le pays. Appelées par l'intersyndicale, les mobilisations contre les budgets austéritaires ont raisonné comme un avertissement au gouvernement et au grand patronat. Dans la foulée de la manifestation intersyndicale qui a réuni près de 2500 personnes au Puy, la CGT 43 a tenu son assemblée générale de rentrée à Blavozy pour faire un bilan d'étape, débattre et dresser des perspectives. Les délégués de l'industrie, du commerce, des services publics etc. présents ont témoigné des actions syndicales menées pour dénoncer injustice sociale et fiscale et relayer les vraies priorités des salariés qui exigent des avancées en matière d'augmentation des salaires et d'amélioration des conditions de travail.
L’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires sont toujours dans les priorités des salariés
L'intervention de Pierre Marsein, secrétaire général de l'UD 43
Nous sommes entrés dans un processus de mobilisation sur du long terme et il nous faudra débattre à chaque étape, discuter, proposer, construire collectivement la grève pour mettre le pays à l’arrêt et obliger le gouvernement et le patronat à donner satisfaction à nos justes et indispensables revendications.
Depuis la mobilisation historique contre la réforme Borne/Macron, le gouvernement reste fragile
Le gouvernement est affaibli depuis la mobilisation dans la rue contre la réforme Borne/Macron. Nous pouvons être fiers du travail syndical que nous avons réalisé. Nos mobilisations, même si elles ne nous ont pas permis de gagner pour l’instant, nous ont permis de gagner la bataille des idées. L’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires et l’arrêt des licenciements sont toujours dans les priorités des salariés et des Français.
Un 10 septembre encourageant
Le 10 septembre, sur le département, en appelant à la grève dans les différents services et entreprises du département, plus de 450 personnes se sont rassemblées devant le Medef au Puy et près de 200 à Brioude. La colère est importante et je tiens à féliciter l’ensemble nos équipes syndicales pour le travail fourni.
Plus des deux tiers de nos sections syndicales ont appelé à la grève ce jour-là. Lors du rassemblement, nous avons recensé près de 30 délégations d’entreprises grévistes du public et du privé. Même si les grèves n’étaient pas encore majoritaires, nous notons des chiffres intéressants et encourageants, comme nos camarades cheminots qui, par leur mobilisation, ont réussi à ce qu’il n’y ait aucun train en circulation sur le département. Ou encore chez Coveris Campine dans le textile plastique avec 85% de grévistes à la production, ce qui a eu comme conséquence l’arrêt de l'usinep. Dans la chimie, nos camarades du caoutchouc ont appelé à la grève avec notamment Interep qui avait 50% de grévistes. Bien sûr une mention spéciale pour nos camarades de l’énergie qui sont en grève reconductible depuis le 2 septembre.
Un 18 septembre qui illustre le ras le bol des salariés
Ce matin, lors de notre manifestation, nous avions encore plus de services et d’entreprises dans l’action. Mention spéciale à nos camarades des ADMR qui, comme le 10, étaient présentes ce matin et sont encore là cet après-midi, parce que dans ce métier difficile et précaire, une heure de grève a un symbole fort et démontre la détermination, la colère et le ras le bol des salariés.
Après le 10 et le 18 septembre, nous avons besoin de méthode et de stratégies pour la suite et construire un mouvement en capacité d’ouvrir de nouvelles perspectives. Il faut donc prendre chaque étape pour nourrir celle à venir et penser à la suivante. La priorité doit être l’ancrage dans les entreprises pour gagner la grève en développant des revendications intégrant les salaires.
Nous sommes entrés dans une phase d’instabilité politique et démocratique. Encore une fois, le président de la République est prêt au chaos institutionnel pour éviter d’avoir à modifier sa politique économique. Nous avons la responsabilité de porter les questions sociales sur le devant de la scène car ce sont les principales préoccupations des travailleuses et des travailleurs.
L’objectif est de gagner l’enterrement du budget Bayrou ou Lecornu parce que ne nous faisons aucune illusion, le budget proposé par le prochain gouvernement sera dans la même veine, avec les mêmes objectifs de conserver la politique de l’offre, de protéger les grandes fortunes et de faire payer les salariés.
La petite concession du nouveau premier ministre de ne pas supprimer les deux jours fériés est une première victoire, due à nos mobilisations.
La petite concession du nouveau premier ministre de ne pas supprimer les deux jours fériés est une première victoire, due à nos mobilisations. Sur le département, en intersyndicale, nous avions déjà dénoncé la situation au cœur de l’été le 25 juillet devant la préfecture, suite aux annonces budgétaires de Bayrou. Mais cela n’est pas suffisant, on est même très loin du compte, la monétisation de la 5ème semaine de congés payés est une attaque d’une des plus grandes conquêtes sociales que sont les congés payés. Si cette mesure devient possible c’est la fin de la 5ème semaine de congés payés.
Sans parler des franchises médicales, comment ces gens peuvent imaginer que l’on va pénaliser nos ainés, nos enfants, nos parents ? N’ont-ils aucune personne malade dans leur entourage et qui a besoin d’une protection sociale de haut niveau, qu’ont-ils dans le cœur si ce n’est des billets ou des actions… ?
Nous avons besoin d’un financement à la hauteur pour les services publics, la justice fiscale, l’abrogation de la réforme des retraites, des mesures pour réindustrialiser et stopper les licenciements et l’augmentation des salaires.
C’est pour cela que nous avons aussi besoin d’un financement à la hauteur pour les services publics, la justice fiscale, l’abrogation de la réforme des retraites, des mesures pour réindustrialiser et stopper les licenciements et l’augmentation des salaires.
Cette stratégie de créer une nouvelle séquence politique chaotique où toutes les spéculations et les tractations politiciennes vont refaire surface a comme objectif d’étouffer la mobilisation sociale qui s’annonce. Cela avec l’aide d’une grande partie des médias qui ne brandissent que la peur de l’instabilité politique et la situation économique dramatique de notre pays « qu’il faudrait régler en faisant des efforts considérables pour réduire la dette » et cela, bien sûr, sans remettre en cause les fondements du capitalisme, c’est-à-dire le « profit à tout prix » et les politiques qui le servent.
Les droits du travail, la sécurité sociale et la protection sociale ne sont pas des coûts !
Les droits du travail, la sécurité sociale et la protection sociale restent appréhendés par la politique défendue par Macron, tous les premiers ministres qu’il nomme, et le grand patronat comme uniquement des coûts qu’il faudrait forcément et drastiquement réduire afin de maximiser toujours plus les profits. Cela se traduit par l’augmentation du temps de travail dans ses dimensions annuelles, mensuelles, hebdomadaires, l’explosion de différentes formes de travail à temps partiel, le recours aux heures supplémentaires exonérées de charges sociales, la multiplication des temps de travail non déclarés, la recherche continuelle du recul du droit au départ à la retraite, la réduction des services publics et de nos droits ainsi que l’affaiblissement de la réponse aux besoins en matière de santé et de protection sociale. Dans de nombreuses entreprises, les plans de licenciements se multiplient, avec des salariés sacrifiés sur l’autel de la rentabilité à tout prix.
Les mesures proposées par Bayrou ou ses clones sont injustes parce qu'elles mettent à nouveau à contribution essentiellement les salariés et retraités, les femmes seront particulièrement touchées, les privés d'emploi et les personnes les plus vulnérables de la société aussi.
Elles sont rétrogrades car augmenter le temps de travail et sa durée, les contraintes au travail, sans améliorer les conditions de travail et les rémunérations c'est un retour violent vers une surexploitation des salariés en faveur du capital. La réduction des moyens pour les services publics, l’école, la santé, l’action sociale, les collectivités territoriales et locales, la recherche, la sécurité sociale et la protection sociale… risque de totalement étrangler la fonction publique et ses missions de services publics pour, à terme, les rendre inopérantes et disponibles pour une reprise du secteur marchand lucratif qui les rendra onéreuses pour la population.
Les reculs austéritaires et inégalitaires proposés sont de nature à une fracturation toujours plus grande de la société et du monde du travail, avec une généralisation de l’insécurité professionnelle et sociale, une diminution des services publics et de leur missions, la dégradation des conditions de travail, des salaires, des traitements, des pensions de retraite qui ne permettront plus aux travailleuses, travailleurs et aux retraités, à la population, de vivre décemment et de répondre à leurs besoins en matière de santé et de protection sociale.
Pour la CGT d’autres choix sont urgents, nécessaires et possibles
Pour la CGT, d’autres choix sont urgents, nécessaires et possibles : créer des emplois, augmenter les salaires, conquérir des droits nouveaux, combattre les discriminations et la précarité, gagner l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et une meilleure l’articulation entre vie professionnelle et vie privée.
Dans la continuité des 10 et 18 septembre, nous avons la responsabilité de préparer les dates de mobilisations unitaires à venir pour continuer à mettre la pression. Dans nos services ou nos entreprises, dans nos ateliers, continuons à donner de l’information, à convaincre de la necessité de s'organiser pour peser et faciliter les débrayages ou lesgrèves à venir. Chacun à son rythme, selon ses capacités.dans l'effort commun pour construire le rapport de force necessaire pour les faire reculer et gagner sur nos revendications.
18/09/2025