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Le syndicat CGT des Organismes Sociaux de la Haute-Loire a tenu une conférence de presse lundi 27 janvier 2025 dans le but d’alerter les instances gouvernementales et localement le conseil départemental pour réclamer de meilleures conditions de travail, car celles-ci ne cessent de se dégrader, la reconnaissance des métiers du maintien et de l’aide à domicile mais également des salaires décents.

Le secteur du maintien et de l’aide à domicile et les aides à domicile restent oubliés dans toutes les mesures gouvernementales

La CGT demande des mesures concrètes pour les salariées. Nos revendications sont toujours les mêmes, à savoir :

  • Des meilleures conditions de travail avec un recrutement massif de personnels
  • Une revalorisation immédiate des salaires et des carrières à la hauteur de l’utilité publique de ces métiers
  • L’augmentation de l’indemnité kilométrique et la prise en charge par l’employeur de tous les frais professionnels, des trajets et des déplacements
  • Une augmentation du temps de travail pour les salariées qui le souhaitent
  • Une reconnaissance de la pénibilité des tâches quotidiennes

Alors même que le gouvernement ne cesse de répéter qu’il veut un virage domiciliaire (désigne la volonté de privilégier le maintien à domicile des personnes âgées plutôt que leur placement en établissement spécialisé) qui est au cœur de la création de la 5e branche de la sécurité sociale, nous exigeons des actes forts et que ce gouvernement assume sa responsabilité en dotant le secteur de moyens et de reconnaissance dont il a besoin, car aujourd’hui et comme depuis des décennies les financements restent insuffisants.

Un allongement de la durée de vie

L’allongement de la durée de vie vers des âges où la probabilité de perdre son autonomie augmente, devrait induire une progression du nombre de personnes âgées dépendantes et de bénéficiaires de l’APA dans les années à venir. Cette augmentation est estimée par la DREES à plus de 350 000 bénéficiaires de l’APA supplémentaires d’ici à 2040, soit une augmentation de 29 % par rapport à 2020. D’autant plus, qu’en 2026, les premières générations du babyboom vont arriver au-delà de 80 ans, et là on aura une explosion pendant 30 ans.

Quel financement public pour la perte d'autonomie ?

Face à ces dynamiques, se pose la question des besoins d’accompagnement que ces personnes âgées nécessiteront et du financement public à provisionner pour la prise en charge de la perte d’autonomie.

Face aux prévisions d’évolution du nombre de personnes âgées dépendantes et dans l’optique d’un « virage domiciliaire », les effectifs d’aides professionnelles nécessaires à la prise en charge de la perte d’autonomie à domicile devraient augmenter de 42 % d’ici à 2040 par rapport à 2020.

A l’heure où les politiques s’engagent en faveur de l’autonomie et du bien vieillir à la maison, les aides à domicile crient leur colère, et alertent avant de descendre dans la rue.

Pas de réelle augmentation de salaire

Oui, il y a eu un réajustement avec l’avenant 43, ce après plus de 20 ans (2002) sans réelle augmentation. Mais l’avenant 43 de la convention collective portant sur la révision de la classification des emplois et des rémunérations n’est aujourd’hui, alors qu’il date d’une mise en application au 1er octobre 2021, pas à la hauteur des engagements pris.

« Aujourd’hui, les personnels sont bloqués dans leur progression de carrière, une aide à domicile peut voir son salaire bloqué au smic pendant 7 ans ».

Un salaire brut moyen de 972 € pour un équivalent temps plein avec 16 ans d’ancienneté

Plus de 226 500 salariées exercent dans le secteur de l’aide et du maintien à domicile, environ 1 300 salariées en Haute-Loire en milieu associatif, soit un des secteurs qui emploie le plus, mais qui n’arrive pas à recruter. Un salariat à prédominance féminine composé de près de 97 % de femmes, dont 27 % ont plus de 55 ans et 89 % d’entre elles subissent des contrats à temps partiel imposés. Le salaire brut moyen est de 972€ pour un équivalent temps plein avec 16 ans d’ancienneté. Sans oublier que 45 % des salariées travaillent le dimanche et les jours fériés. Toutes ses concessions sans aucune reconnaissance.

Le métier, peu attractif, peine à recruter. Face à une charge de travail toujours plus importante due au manque de personnel, aux arrêts de travail non remplacés et dont la charge de travail est reportée sur les salariées en poste, celles-ci sont usées. La preuve en est aujourd’hui, des déléguées du personnel n’ont pu être autorisées à participer à cette conférence pour interpeller le gouvernement sur leur charge de travail devenue épuisante par manque de personnel et de nombreux arrêts de travail dus à une fatigue grandissante. Un épuisement professionnel tant physique que psychologique qui ne cesse de s’aggraver, au point d’y laisser leur santé. Sans parler des risques que cela engendre aussi bien pour les salariées que pour les usagers. On ne peut que saluer leurengagement et plus largement leur dévouement quotidien auprès de leurs usagers.

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Le secteur de l’aide à domicile est l’un des plus exposés aux accidents du travail

Le secteur de l’aide à domicile, bien qu’essentiel pour le bien-être des personnes dépendantes, est également l’un des plus exposés aux accidents du travail, à de nombreux risques professionnels : accidents et pathologies liés aux manutentions, chutes, risques routiers liés aux fréquents déplacements professionnels d’un domicile à l’autre, risques infectieux par contact avec des personnes malades, risques chimiques liés aux produits d’entretien. Elles font des changes, transfèrent souvent seules des personnes de leur lit vers le fauteuil, aident à la douche des bénéficiaires qui peuvent peser plus qu’elles, mettent des bas de contention. On parle d’usure du métier, le corps subit, problèmes aux épaules, la coiffe, le dos, les genoux, les tendinites, avec un taux de sinistralité près de trois fois supérieur à la moyenne nationale, ce secteur dépasse même le secteur du bâtiment en termes d’accidents liés au travail. Ce constat alarmant met en lumière les défis auxquels font face les aides à domicile.

Comment évoquer la retraite à 64 ans ? Aller travailler en déambulateur ?

Les principales causes d’accidents identifiées sont les manutentions manuelles et les chutes, qui concernent particulièrement les salariées âgées de 40 à 59 ans. Alors comment évoquer la retraite à 64 ans, …. Aller travailler en déambulateur…

Les conséquences sur leur santé et sur l’activité sont importantes : plus de 2 250 000 journées de travail perdues par an, de recrutement et de désorganisation du travail. Aujourd’hui comme dans toute la France, il manque du personnel pour assurer les heures d’intervention. Des études pointent que sur la totalité des prises en charge, seulement ¾ sont réalisées intégralement. L’usure professionnelle, due aux conditions de travail des salariées, est devenue un souci majeur dans la Branche de l’Aide à Domicile (BAD).

De plus, le rythme des interventions a lui aussi augmenté. Il y a quelques années, une aide à domicile effectuait trois interventions par jour, aujourd’hui, elle peut faire jusqu’à sept visites dans la même journée avec une amplitude horaire souvent pas respectée, horaires de travail très morcelés qui conduisent à des journées plus longues (début de la journée avant 08h et fin après 20h).

Les aides à domicile font désormais un travail d’aide-soignante, de psychologue, et d’assistante sociale

Elles sont contraintes d’accorder moins d’importance au relationnel, auprès de personnes qui, parfois, ne voient que leur aide à domicile dans la journée. Elles apportent un soutien dans les activités de la vie quotidienne et permettent aux personnes dépendantes de conserver leur autonomie et de continuer à vivre chez elles, car c’est ce que veulent les bénéficiaires. Surtout qu’au-delà de l’entretien du domicile, de la préparation des repas, de l’administratif, elles font désormais un travail d’aide-soignante, de psychologue, et d’assistante sociale.

Une solution serait d’accorder plus d’autonomie aux personnels. L’autonomie est un moyen de valoriser le personnel. Dès lors qu’elles peuvent prendre des initiatives, la transformation de l’organisation, réfléchir à son organisation, son planning, plus librement, les salariées se sentent valorisées.

Les missions des salariées du maintien et de l’aide à domicile changent, évoluent, tout comme les bénéficiaires. Les associations, le gouvernement devraient évoluer également, faire évoluer l’organisation de leurs structures. Ses points devraient être débattus unanimement en UES, mais rien n’est fait. Qu’attendent les pouvoirs publics pour prendre conscience de la réelle situation des salariées du maintien et de l’aide à domicile et de leurs bénéficiaires.

Les salariées du maintien et de l’aide à domicile prévoient de descendre dans la rue pour réclamer de l’Etat des mesures fortes pour être valorisées et redonner du sens à leurs missions.

Il est temps que de véritables mesures soient prises !

Maintenir les personnes en perte d’autonomie à domicile peut être un progrès si cela se fait dans de bonnes conditions. Cela implique de mettre les moyens humains et financiers pour un accompagnement de qualité.

Contact CGT des organismes sociaux
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06 25 99 97 65

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